Martinique : sortir au plus vite de cette grave crise de confiance !

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ETOM vient de publier une étude éclairante sur les principales préoccupations des Martiniquais. A l’heure où notre microcosme s’enlise dans des débats identitaires, plusieurs questions ont été posées à un échantillon représentatif de 1000 individus âgés de 18 ans et plus. Autant dire que l’étude est robuste. Voici ce qu’il en ressort :

1/ Le climat de confiance se dégrade.

  • En 2020, 38% des interviewés déclaraient être confiants dans l’avenir de la Martinique ; en 2023, ils ne sont plus que 23%.
  • Ceux qui déclarent ne pas être « du tout confiants » sont 37% en 2023 contre 12% en 2020.

Certes, ce mauvais climat trouve ses sources dans un bruit mondial fait de guerres, d’angoisses écologiques et de crises économiques. Mais chez nous, les échos du monde se percutent au sentiment d’impuissance face aux tensions locales, au dysfonctionnement des services publics et à l’appauvrissement des citoyens. Il se percutent à la désespérance des entreprises locales, aux effets désastreux du retard des paiement et au mur des fonds européens. Bref, les martiniquais ont le sentiment que la Martinique dévisse et s’enfonce tandis que l’orchestre joue tranquillement ses airs…

2/ 80% des Martiniquais ont le sentiment que la situation générale du pays est au plus bas.

Ils étaient 65% trois ans auparavant. Jamais la crise de confiance n’a été aussi aigüe. Un désespoir nourri sans doute par la multiplication des mauvaises expériences quotidiennes, mais aussi par la dégradation des perspectives et l’absence de cap inspirant. La démographie de la Martinique continue de s’effondrer, l’exode de la jeunesse se poursuit, trop d’incertitudes pèsent sur les entreprises bridant ainsi leurs initiatives.

Pendant ce temps, les petites divisions animent des débats stériles, comme si de rien n’était.

3/ Dans ce contexte, les sujets prioritaires de préoccupation de la population martiniquaise sont, dans l’ordre :

  • La lutte contre la vie chère
  • L’amélioration du système de santé
  • La formation des jeunes
  • Et la lutte contre l’insécurité

Voilà les quatre thèmes sur lesquels il faut mettre le paquet ! Le premier d’entre eux – la vie chère – doit être abordé sans dogmatisme en mobilisant tous les acteurs concernés. Il doit solliciter la contribution constructive de chaque maillon de la chaine, producteurs, distributeurs, transporteurs, consommateurs, collectivités, État. Et il doit s’autoriser les projets les plus audacieux, comme celui de la zone Franche Sociale, qui, à lui seul, règlerait l’essentiel du problème.

4/ Les sujets les moins prioritaires, ceux qui préoccupent le moins la population martiniquaise sont, dans l’ordre :

  • Faire du créole une langue officielle de la Martinique
  • Faire évoluer le statut de la Martinique

Ces réponses se passent de commentaires. En substance, le message délivré par les Martiniquais est le suivant : « Mettez votre énergie sur nos vrais problèmes plutôt que sur vos obsessions identitaires. Attaquez-vous à la vie chère, aux carences du système de santé, aux difficultés d’insertion des jeunes et à l’insécurité, et cessez d’instrumentaliser la question du statut ».

5/ En effet, les Martiniquais sont à l’aise dans leur statut actuel.

Ils estiment que ce n’est pas lui qui est responsable de leurs difficultés.

  • 67% des sondés souhaitent que « la Martinique conserve ses relations avec la France telles qu’elles sont aujourd’hui » ; ils étaient déjà̀ 66% en 2020.
  • 26% souhaitent que « la Martinique aille vers l’autonomie », sans d’ailleurs trop savoir ce qu’il y a derrière ce mot.
  • 3% seulement veulent que « la Martinique aille vers l’indépendance », autant dire personne !

Les Martiniquais revendiquent sans complexe leur identité française à côté de leur identité martiniquaise. Ils attendent de leurs élus locaux qu’ils optimisent les liens de la Martinique avec la France et l’Europe pour obtenir des résultats concrets. Ils voient dans les débats identitaires et statutaires un risque inutile de distanciation nationale. La France est un atout que la Martinique doit exploiter, comme le font de mieux en mieux nos amis Guadeloupéens et Réunionnais.

En résumé, cette étude pointe du doigt une crise profonde et une attente désespérée de solutions concrètes, que seul l’abandon des postures peut permettre d’atteindre. L’heure n’est pas aux débats identitaires, aux questions statutaires ou à l’établissement d’une langue officielle. L’heure est à l’union des forces vives, politiques et économiques, pour s’attaquer avec pragmatisme aux préoccupations de la population martiniquaise et rétablir au plus vite sa confiance dans l’avenir. Aujourd’hui, la confiance est rompue. Il faut la rétablir d’urgence et donner enfin de vraies preuves d’amour à la République d’une part et aux entreprises de Martinique d’autre part. Car celles-ci font partie de la solution, avant de faire partie du problème.

Yvon Joseph-Henri, pour Renaissance Martinique