DEBOULONNAGE DE SCHOELCHER : SOMMES-NOUS DES RHINOCEROS ?

Déboulonage Schoelcher

 

Dans sa célèbre pièce intitulée « Rhinocéros », Eugène Ionesco démontre avec brio les dangers du conformisme qui, en laissant disparaître la pensée individuelle, favorise la mise en place des régimes totalitaires.

La pièce dépeint une épidémie imaginaire de « rhinocérite » – métaphore tragique de la montée des totalitarismes – qui atteint les habitants d’une ville et les métamorphose un à un en rhinocéros.

En déboulonnant la statue de Victor Schoelcher ce samedi 29 mai, c’est le triste chemin que nous propose aujourd’hui l’autorité municipale du Lamentin. Un chemin d’abandon et de reniement envers toutes les générations de martiniquais qui nous ont précédé et qui se sont battus pour ériger cette statue. Un chemin de mépris envers nos pères, nos mères, toutes celles et tout ceux qui par milliers ont voulu rendre hommage au grand abolitionniste. Un chemin de honte qui ne propose comme solution que l’effacement plutôt que le rajout.

Allons-nous tous devenir des rhinocéros, et nous laisser glisser sans réagir vers la pensée unique que nous proposent quelques révolutionnaires destructeurs ? Allons nous capituler sous la pression d’une pensée totalitaire, et accepter que toutes les marques de notre histoire disparaissent les unes après les autres au prétexte qu’elles heurtent certaines mémoires ? Nous laisserons-nous amputer en silence par des chirurgiens aveugles, dont les gestes ne sont guidés que par la haine ?

Monsieur ZOBDA, vous avez capitulé sous la pression d’une menace totalitaire et subversive. Vous l’avez fait en conscience sans doute, pour éviter l’affrontement. Vous l’avez fait en bradant l’honneur des martiniquais.

Emmanuel de Reynal, Renaissance Martinique