UNE FILIERE NAISSANTE FAUCHEE EN PLEIN ENVOL !

Tropiques criminels

 

C’est sur la base d’un courrier anonyme qu’une partie de l’Assemblée de Martinique a décidé de tuer la filière naissante de l’industrie cinématographique martiniquaise. 26 élus ont en effet voté l’arrêt du soutien de la CTM à la série Tropiques Criminels. Ils l’ont fait en instruisant un procès aussi démagogique qu’incongru. Un procès honteux aux allures de règlement de compte politique.

A leurs yeux, Tropiques Criminels ne servirait pas les valeurs de l’identité martiniquaise, et véhiculerait une image négative de l’île. Tropiques Criminels ne correspondrait pas à la doxa idéologique à laquelle doivent se soumettre les créateurs d’histoires.

Mais demande-t-on à nos élus d’évaluer le bien-fondé artistique d’une œuvre fictionnelle populaire qui plait à plus de 4 millions de français ? Leur demande-t-on de juger les millions d’autres spectateurs de la planète qui s’apprêtent à découvrir nos plages, nos paysages et nos lieux mythiques ?… Arrive-t-il à nos élus réfractaires d’aller au cinéma, de s’abandonner dans des récits de flics, de guerres, d’amour, ou d’horreur ? Sont-ils capables d’accepter que le cinéma raconte des histoires drôles ou méchantes, stupides ou intelligentes ? Et d’abandonner au seul public le pouvoir de sanction ?

Jamais on n’a demandé à nos élus de porter un jugement critique sur des scénarios. Jamais on ne leur a demandé leur avis sur la qualité technique des films. Il y a des professionnels pour ça, faisons-leur confiance !

En revanche, on demande à nos élus d’avoir une stratégie culturelle claire qui permette à nos créateurs de créer, à nos comédiens de jouer, à nos techniciens de travailler… on leur  demande de faire en sorte que la filière du cinéma fonctionne et se développe.

En apportant leur soutien aux deux premières saisons de Tropiques Criminels, nos élus ont ouvert des perspectives réelles pour des centaines de martiniquais. Ils ont créé les bases d’un écosystème qui commençait à se structurer pour faire vivre des milliers de personnes : des artistes, des acteurs, des figurants, des techniciens, des restaurateurs, des agriculteurs, des pêcheurs, des hôteliers, des loueurs de voitures, etc.

Les 500.000 € investis chaque année ont rapporté 6 fois plus à la Martinique. Nos élus avaient alors pris une bonne décision en faveur du pays.

Mais en ce triste mois de mai 2021, certains d’entre eux ont reçu une lettre anonyme et ont osé s’en servir pour tuer l’espoir d’une filière naissante. Ils ont commencé constructeurs, ils finissent  destructeurs, tout ça parce qu’une élection pointe le bout de son nez.

Pendant deux ans, malgré la crise Covid, des centaines de martiniquais ont pu vivre de leurs talents grâce à cette série qui cherche désormais une terre plus accueillante. Des martiniquais qui ont aujourd’hui le sentiment amer d’être abandonnés à leurs tristes tropiques.

Emmanuel de Reynal, membre de Renaissance Martinique