LES ENFANTS NE SONT PAS DES JOUETS

Otilia Ferreira

Les enfants sont régulièrement utilisés pour valider des choix politiques : le poids de la dette laissée en héritage, l’état de la planète pour les générations futures. Ils servent de caution.

Ces discours, qui brandissent en arrière-pensée la défense des intérêts des enfants d’aujourd’hui, jouent sur la corde sensible et ils portent des vérités. Un apparent sceau de responsabilité.

Il est cependant une réalité hurlant dans le rouge et que tous négligent, celle des enfants victimes d’abus sexuels : inceste, pédophilie, viols, atteintes sexuelles, attentats à la pudeur, pornographie, prostitution…

Les chiffres donnent pourtant le vertige : une fille sur huit et un garçon sur dix sont victimes d’abus sexuels avant l’âge de 18 ans. Plus de 10% des enfants sont abusés.

Ces abus concernent dans 45% des cas des enfants de moins de 9 ans et 22% des enfants ont entre 3 et 6 ans.

Dans la moitié des cas, l’agresseur est un ami ou un membre de la famille. Les pères responsables d’inceste représentent 15% des agresseurs.

Seulement 1% des abus sont signalés. Nous abandonnons nos enfants dans la solitude de ces horreurs, dans la destruction de leur personnalité et dans la détresse de leurs vies.

La société martiniquaise participe de la même négligence coupable par absence de protection des enfants et par l’entretien de ce tabou.

Il est de notre devoir d’actionner un plan de repérage de ces petites victimes. Les enfants nous adressent toujours des signaux pour nous dire ce que leur voix ne peut pas formuler.

Nous connaissons la longue liste de plus de dix symptômes que les enfants maltraités affichent. A celle-ci les enfants abusés sexuellement en ajoutent une autre, plus spécifique, tout aussi longue.

Le milieu de prédilection pour ce repérage reste l’école. Nos personnels scolaires doivent bénéficier de modules de formation pour en devenir les principaux acteurs.

Mais toute la société martiniquaise est responsable du déni et de l’entretien du tabou qui entourent l’assassinat à petit feu d’un enfant sur dix.

Otilia Ferreira, membre de Renaissance Martinique