OÙ VA LA DEMOCRATIE  ?

Maurice-Laouchez

En quelques mois, deux faits majeurs sont intervenus dans la plus puissante démocratie du monde, sous les yeux d’une planète éberluée : la torture et l’assassinat en public d’un homme, George Floyd, par un policier ; l’irruption de centaines de personnes à l’intérieur du Capitole, siège du Parlement, en pleine session.

Ces deux faits se sont déroulés sous la présidence et sous les yeux d’un homme politique qui a recueilli plus de 74 millions de voix après quatre ans de mandat, ce qui en fait le battu le plus populaire de l’histoire des Etats-Unis.

Ces deux évènements montrent que des verrous ont sauté, et que tout paraît possible à certains.

Les explications de cette situation sont évidemment multiples.

Nous en retiendrons aujourd’hui deux.

La première tient à l’attitude de nombreux dirigeants de tous bords, élus ou membres de la société civile, absorbés par la défense de leurs seuls intérêts, qui n’ont pas combattu et refusent encore de combattre les instincts les plus bas existant dans des sociétés nées du génocide, de la violence et de la domination d’une majorité sur des minorités ou des majorités plus faibles.

Dans le monde entier, cet égoïsme multiforme, accompagné de la disparition de l’éclairage d’intellectuels eux-mêmes devenus sectaires (« La trahison des clercs »), fait et fera encore des ravages si on n’y prend garde.

La deuxième tient au fonctionnement de la démocratie lui-même, aux Etats-Unis comme dans la plupart des pays.

Quand, au 18ème siècle, les fondateurs américains de la démocratie ont voulu en organiser le fonctionnement, ils se sont inspirés de ce qu’ils connaissaient le mieux pour la conquête du pouvoir : la guerre.

Un vainqueur, un vaincu.

Le vainqueur détient l’essentiel des pouvoirs, et s’estime légitimé à piétiner le vaincu.

Celui-ci, tout à la recherche de sa revanche, ne pardonne rien au vainqueur et organise contre lui une guérilla permanente. Des contre-pouvoirs existent bien, mais ils sont insuffisants pour empêcher cet étalement permanent de violence entre la majorité et l’opposition.

Qui ne voit, ici et là, qu’un système qui conduit à écarter en permanence de la gestion d’un pays la moitié de sa population est devenu obsolète et dangereux ?

Les Suisses ont depuis longtemps conjuré ce danger : tous les grands partis sont représentés au gouvernement ; le président change chaque année.

S’inspirer de ce modèle, au plan des Institutions, est devenu un devoir pour tout humaniste.

Maurice Laouchez, membre de Renaissance Martinique