OUVRONS DAVANTAGE LA MARTINIQUE SUR LA MER

Rodolphe Désiré et Max Orville

Jeudi 11 mars 2021 conférence avec Rodolphe Désiré

Rodolphe Désiré est ancien sénateur de la Martinique, ancien maire du Marin et ex-secrétaire général du Parti Progressiste Martiniquais.

C’est surtout (mais pas seulement) au titre de ses anciennes responsabilités municipales qu’il a été reçu le 11 mars au Jeudi de « Renaissance Martinique ».

Sous son autorité, la ville du Marin, jadis siège de l’une des plus importantes sucreries et d’une intense activité agricole, est devenue l’un des principaux ports de plaisance de la Caraïbe. Des centaines d’emplois directs ou indirects y ont été créés, faisant du Marin l’un des principaux atouts touristiques du pays.

Rodolphe Désiré a d’abord détruit le mythe d’une Martinique boudant les activités maritimes à cause des mauvais souvenirs qu’auraient laissés aux Martiniquais la traite et l’esclavage. Dans une histoire longue de milliers d’années, la mer a constamment été utilisée et maitrisée par les habitants du pays. Avant l’éruption de 1902, la ville de Saint-Pierre était l’un des principaux ports de toute la Caraïbe, avec Porto-Rico, La Havane et Carthagène. Pendant la guerre du Mexique, sous le Second Empire, la construction du bassin de radoub a illustré et confirmé l’importance de l’île dans les enjeux géostratégiques de l’époque.

Pour le présent et l’avenir, il a souligné les nouvelles opportunités créées par le doublement du canal de Panama, rappelant que Cuba a créé un vaste espace de stockage et de dépotage dans cette perspective.

La Martinique aurait tout intérêt à créer deux ou trois autres marinas totalisant 10.000 anneaux nautiques ainsi qu’un port à sec, et à trouver les espaces nécessaires au dépotage. La mise en place d’une zone franche globale ou portuaire serait un atout considérable et permettrait aux entreprises martiniquaises « d’avoir les mêmes chances » que leurs voisines de la Caraïbe .

Le développement du transport maritime, tant des passagers que des marchandises, lui paraît une évidente urgence.

L’harmonisation des taux de TVA entre la Guyane (taux zéro), et les taux de Guadeloupe et Martinique éviterait des concurrences inutiles.

Il a cité en exemple les Iles Canaries, très actives dans la recherche d’activités nouvelles ; le port de Las Palmas est même devenu le quatrième port d’Espagne.

Le débat qui a suivi a été animé notamment animé par le Dr Otilia Ferreira, Hector Elizabeth, Yvon Joseph-Henri , Claude Gelbras et Marc Séfil.

Ce fut l’occasion de souligner l’importance d’une initiation précoce des enfants au monde de la mer, la nécessité d’une plus grande implication locale de l’IFREMER, la création de richesses nouvelles venant de la mer, les risques de classements tous azimuts, le traitement des déchets, l’adaptation de l’homme à son milieu…

Le Dr Désiré, ancien militant de l’OJAM, n’a pas manqué de réagir à l’actualité concernant la destruction des symboles publics, statues, drapeau, etc… A ses yeux le défi ne peut pas être de détruire, mais d’ajouter des accomplissements face aux vrais problèmes du présent.

Comme plusieurs autres intervenants aux Jeudis de Renaissance Martinique, il a exprimé son souhait de profonds changements dans la façon dont sont menées les affaires de la Martinique.

Compte-rendu réalisé par Maurice Laouchez, membre de Renaissance Martinique