Lundi 3 juillet, au terme d’une campagne houleuse, Philippe Jock a été réélu à la tête du conseil de surveillance du grand port maritime de la Martinique. Il avait face à lui Didier Laguerre, maire de Fort-de-France, candidat soutenu par Serge Letchimy. En votant « blanc », les représentants de l’État ont laissé les martiniquais choisir… Et c’est ce que semble leur reprocher le président du Conseil exécutif de la CTM dans une lettre au vitriol adressée au ministre délégué en charge de l’Outre-mer.
Dans ce courrier, il évoque le « Triangle du progrès » pour « inverser la dynamique d’un commerce triangulaire », laissant entendre que le port lui revient de droit au simple nom de l’éternelle rente mémorielle ! Et il fait état d’une pseudo-stratégie d’import-transformation imaginée en chambre, à l’écart des acteurs économiques du pays avec lesquels il vaut mieux éviter de parler de développement.
Puis il rappelle le rôle majeur de la CTM comme financeur du GPMM, notamment au titre des fonds européens, démontrant sans complexe son pouvoir discrétionnaire d’affectation de sommes qui ne lui appartiennent pas mais dont il s’arroge arbitrairement le droit d’en faire ce qu’il veut, en toute arrogance.
Enfin, sans aucune mesure, il discrédite l’élu Jock en contestant sa légitimité et en l’accusant de vouloir « privatiser le port ». Accusation sans aucun fondement ! Il va même jusqu’à conditionner le soutien de la CTM au changement de gouvernance du Grand port en sa faveur. Tout ceci lui vaut d’ailleurs un rappel sous forme de volée de bois vert de la part du précédent président de la CTM : refuser à l’autre ce qu’on s’attribue à soi, témoigne d’un cynisme inquiétant pour l’avenir du pays.
Il est utile de rappeler ici que Philippe Jock n’est pas n’importe qui. Il représente, qu’on le veuille ou non, la quasi-totalité des entreprises de Martinique dont la plupart sont immatriculées à la CCIM. Il connaît bien le port pour avoir déjà présidé son conseil de surveillance et assuré son fonctionnement avec succès, allant jusqu’à le hisser au premier rang du classement français de la performance opérationnelle. Il a contribué avec ses partenaires à doter la Martinique d’un port entrepreneur, citoyen, et bientôt vert. Il l’a fait avec professionnalisme et esprit d’intérêt général.
Les réactions face à l’attitude du président de la CTM ont fait réagir tous les démocrates du pays. Faire peuple, ce n’est pas imposer son diktat aux autres. Diriger un pays impose d’en respecter les règles démocratiques et non de magouiller à travers des négociations occultes avec le pouvoir central. Diriger un pays nécessite de faire confiance aux talents qu’il recèle en s’appuyant sur ses propres capacités d’entraînement. Diriger un pays consiste à faire en sorte que chacun puisse jouer sa partition en une symphonie de bien commun.
L’autorité politique de la CTM se doit d’être un chef d’orchestre. Et non un maître-chanteur.
Yvon JOSEPH-HENRI, Président de l’Association des Consommateurs et des Citoyens de la Caraïbe