POUR UN TRANSPORT MARITIME PERIPHERIQUE EN MARTINIQUE

Renaissance martinique bateau vedette transport martime

(une contribution de Maurice Laouchez)

Depuis 1982, la loi d’organisation des transports a confié aux départements l’organisation des transports en commun sur tout leur territoire. Dans le cadre des habilitations, la Région Martinique a obtenu la compétence « transport » aujourd’hui détenue par la CTM.

Sur cette base, nous pouvons constater des progrès réels, tels le TCSP ou d’autres réseaux intercommunaux. Mais le transport continue à figurer parmi les « souffrances martiniquaises », représentant notamment la première place dans de nombreux budgets familiaux supportant l’achat et l’entretien de deux voitures, voire davantage.

Les conflits sociaux à répétition venant interrompre pendant des jours et des semaines la continuité du service public, le non-respect des horaires illustrent l’incapacité des élus en charge à faire face à leurs responsabilités sur ce dossier. Vital ; de fait, il ne peut pas exister de développement économique sans un système performant de transport en commun.

La décision de gratuité intervenue à quelques mois des élections de la CTM obéit à une certaine logique : quand un service comporte de telles lacunes, il n’est pas décent de le faire payer.

NECESSITE D’INNOVER

Hormis les difficultés de gestion, la fluidité du transport terrestre est entravée à la fois par le nombre de véhicules de particuliers en circulation et par l’état d’un réseau routier qui, quand il ne s’affaisse pas, comporte des centaines de goulots d’étranglement (ponts étroits, ronds-points saturés, routes en mauvais état, etc…). En cas de séismes, des quartiers entiers des communes maritimes doivent pouvoir être évacués autrement que par la route. La mer doit donc et peut être utilisée beaucoup plus qu’elle ne l’est.

La Martinique a longtemps pratiqué les transports maritimes pour relier Fort-de-France à Saint-Pierre, au Lamentin, à Petit-Bourg, à Rivière-Salée, etc… 17 communes ont des quais pouvant devenir opérationnels rapidement. La liaison de Saint-Pierre a été récemment réactivée ; celle des Trois-Ilets a rendu et continue à rendre de précieux services, malgré de réelles difficultés.
L’organisation d’un dispositif de transport maritime tout autour de l’île, type « ceinture maritime » est réalisable dans des délais brefs, même avec une mise en place échelonnée. Toutes les communes disposant d’un quai opérationnel auraient vocation à être desservies. Il est possible de trouver rapidement sur les marchés spécialisés des navires à prix raisonnable, en attendant la livraison de navires non-polluants à commander.

Le savoir-faire local existe aussi pour la gestion. Juridiquement, la technique de délégation de service public paraît bien adaptée. D’autres formules peuvent être étudiées. Le financement local, national et européen peut aisément être obtenu, notamment dans la cadre du Plan de relance de 1,5 Milliard annoncé par le gouvernement pour l’Outre-Mer.

Le budget à prévoir pour chaque bateau de 100 passagers est de l’ordre de 500 000€. 10 bateaux, c’est 5 000 000 €. La Chine, Dubaï, la France, l’Italie, les Etats-Unis sont les principaux fabricants. Les chantiers navals martiniquais n’ont malheureusement pas encore les équipements nécessaires pour de telles fabrications. Avec les infrastructures nécessaires, c’est un investissement total maximum de 10 000 000€, soit moins que le budget annuel du tourisme dans le budget annuel de la CTM, soit moins de 1% du Plan de relance. Les emplois directs et indirects créés seront au minimum d’une centaine de personnes pour un service de 6H du matin à minuit (à adopter ligne par ligne).

Un tel dispositif ne remplacera pas le transport routier, mais le complètera, précieusement ; il s’intégrera sans difficulté dans le schéma global de transport attendu depuis…près de 40 ans.

Maurice LAOUCHEZ, membre de Renaissance Martinique