Le Jeudi 18 mars 2021, Renaissance Martinique recevait non pas un conférencier mais deux sur le thème « Comment revitaliser l’agriculture martiniquaise » ; Louis-Daniel BERTOME, président de la Chambre d’Agriculture et Nicolas des GROTTES, Président de Banamart.
Voir ici la vidéo complète de la conférence.
Louis-Daniel BERTOME a fait le constat amer d’une place de moins en moins importante de l’agriculture en Martinique, avec une baisse significative des productions agricoles, de 59.000 tonnes produites en 2005 à 18.000 tonnes en 2018. Cette baisse s’accompagne d’une chute inquiétante du nombre des agriculteurs et des surfaces cultivées.
Pourtant l’agriculture biologique martiniquaise (sans pesticides) a progressé de 20% à 50%, même si la production demeure en-deçà des attentes du marché.
L’agriculture martiniquaise doit faire face à de nombreux facteurs limitants (baisse de la main d’œuvre, contraintes environnementales, aléas climatiques,…) ; Pourtant les potentialités de développement existent. L’agriculture martiniquaise s’est diversifiée, la population est sensible à sa production locale et exprime aisément ses attentes vis-à-vis de l’agriculture locale.
Nicolas des GROTTES, quant à lui, a défendu la vitalité de la filière banane, qui se traduit par 356 exploitations réparties sur 22 communes. Cette filière constitue un acteur essentiel du maintien de la ruralité et de l’aménagement du territoire.
La filière Banane demeure le 1er exportateur et le plus important de l’île. 3.500 salariés agricoles exercent dans ce secteur et 80% sont des salariés permanents. Ce qui représente plus de 5.000 personnes en emplois directs et 7.500 emplois indirects.
La filière Banane est une filière qui recrute sur de nouveaux métiers nécessitant des qualifications élevées. Ella a beaucoup progressé en matière sociale et environnementale : aujourd’hui, la filière est dotée de sa propre convention collective, les salariés bénéficient d’un régime de retraite complémentaire, d’une mutuelle complémentaire santé et des actions d’amélioration des conditions de travail sont mises en œuvre, ainsi que de nouvelles classifications d’emplois.
La banane de Guadeloupe et de Martinique est reconnue pour être l’une des filières agricoles les mieux organisées d’Europe ; elle est un cas unique au monde d’intégration parfaite, puisque les planteurs locaux sont tous copropriétaires du réseau national des murisseries Fruidor qui amènent leurs fruits jusque dans les étals des magasins de France. Les planteurs maitrisent ainsi toute la chaine, de la production à la commercialisation, en passant par la promotion et la murisserie.
Par ailleurs, depuis 1993, la banane de Martinique a su opérer un virage environnemental majeur en s’imposant plusieurs « plans bananes durables », dont les effets sont exceptionnels ; l’utilisation des produits pesticides s’est considérablement réduit (de plus de 75%) au point que la filière est reconnue aujourd’hui comme étant « la banane la plus propre du monde » !
La Banane évolue sur un marché national en pleine croissance et son chiffre d’affaires représente plus de 210 millions d’euros.
Lors de cette conférence, le Président de la Chambre d’Agriculture a rappelé avec satisfaction que les Outremers étaient parmi les régions de France les plus saines en matière d’utilisation de pesticides, la Martinique étant même le département Français qui importe et utilise le moins de pesticides !
Il a rappelé également que la diversification agricole doit être encouragée, et que ce n’est pas la banane qui empêche cette diversification. Bien au contraire. Il existe de nombreuses terres en friche qui n’attendent que des projets.
L’un des chantiers majeurs auquel nous devons nous attaquer rapidement est d’organiser nos filières agricoles locales en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Aujourd’hui en effet, les agriculteurs sont répartis entre une dizaine de coopératives agricoles dont la taille est insuffisante pour rentabiliser les outils logistiques. On pourrait par exemple créer un centre technique pour gérer une pépinière-mère, ainsi qu’une plateforme logistique mutualisée au service de tous les acteurs de la diversification agricole. Il faudrait aussi inciter les coopératives à se regrouper entre elles pour leur permettre d’atteindre une taille critique et un niveau satisfaisant de performance. Comme d’ailleurs a su le faire la banane en 2010 en se regroupant sous l’UGPBAN.
Cette conférence, comme à l’accoutumée, fut suivie d’un débat où les uns et les autres ont pu échanger avec nos deux experts. Le Président de Renaissance Martinique en clôture de cette soirée, a d’abord pris acte de la diminution dangereuse de la place de l’agriculture dans notre territoire. Il a appelé à un effort vigoureux de la part de nos élus pour défendre davantage encore notre production locale. La terre de la Martinique est une terre nourricière qui doit subvenir aux besoins de sa population. Les efforts en cours au niveau de la recherche scientifique pour dépolluer les sols doivent être accompagnés avec volontarisme. C’est tous ensemble que nous revitaliserons notre agriculture.
A Renaissance Martinique, notre ambition et notre détermination sont totales pour que la Martinique retrouve une santé pleine et entière grâce à son agriculture.
Max ORVILLE
