Le constat que la classe d’âge des 20-40 ans est déficitaire en Martinique est largement partagé et tous cherchent des solutions, ce qui est normal. Mais cette quête farouche, brandie comme un graal, porte en miroir le dédain envers la génération des aînés. La Martinique est le plus vieux département de France. Cette réalité ne doit pas être vue comme un handicap mais, au contraire, comme une richesse.
Les personnes âgées recèlent des trésors. Ayant engrangé les expériences de la vie, elles ont la sagesse, la mémoire, la réflexion et la sérénité qui nous font souvent défaut. Elles ne sont pas une charge inutile mais une source d’inspiration.
Globaliser cette partie de la population sous un vocable unique, les personnes âgées, est en soi un mensonge car nous devons distinguer les seniors actifs et le quatrième âge.
Le quatrième âge :
Le quatrième âge, frappé par la perte d’autonomie et la dépendance doit mobiliser notre action pour une assistance digne dans son quotidien. Nos politiques publiques doivent lui offrir des capacités d’accueil dans les structures adaptées. Le nombre de places en EHPAD doit être anticipé afin qu’aucune personne dépendante ne s’en voit refuser l’accès lorsque son degré de dépendance l’y contraint. Actuellement ce nombre est déjà insuffisant et nous aurons à ouvrir très vite de nouveaux établissements.
De nombreuses personnes en début de dépendance sont maintenues à domicile. Les structures d’accompagnement et de service à la personne ne couvrent pas tous les besoins. En raison de ce déficit et de leur coût, les efforts de l’aide qu’elles nécessitent sont portés par la famille. Ces aidants familiaux, la plupart des femmes elles-mêmes proches de la retraite, sont épuisés et ne reçoivent aucun soutien de la société. Nous devons reconsidérer le statut d’aidant familial avec un soutien public.
Les seniors actifs :
Les seniors actifs souffrent d’isolement en ayant perdu le lien social que donne l’activité professionnelle. Or cet isolement accélère l’entrée dans la dépendance. Nous devons inventer une organisation de la société qui les rétablisse dans la vie de la cité.
Renaissance Martinique propose le Programme Seniors Actifs qui ouvre deux axes.
- Le premier est la préservation du lien intergénérationnel qui se fera par la recherche du logement partagé (les jeunes donnant les évolutions techniques, scientifiques, culturelles et sociales de leur génération et recevant le savoir et l’expérience des aînés) et par l’ouverture des portes des écoles, des centres de loisir et des crèches aux aînés pour du temps calme de partage entre les générations aux deux extrêmes de la vie.
- Le deuxième axe est le soutien au fonctionnement cognitif par la mise en place, via les CCAS, d’ateliers de la mémoire, de jeux de société, de musique, de danse, de peinture, de théâtre tant on sait que cette préservation du capital cognitif est le meilleur rempart contre la dépendance.
L’investissement nécessaire pour un soutien décent aux aînés est effectivement une richesse car il nous engage à développer une nouvelle filière économique, la silver économie, qui regroupe les services à la personne, l’aménagement adapté du domicile, l’installation d’infrastructures dédiées (lignes téléphoniques pour aide lors des crises climatiques ou sanitaires), l’organisation des CCAS…
Une société qui considère ses aînés comme un fardeau est indigne. Ils ont juste cessé leur activité professionnelle mais continuent de nous donner, avec encore davantage de générosité, toutes les douces choses qu’ils possèdent.
Renaissance Martinique considère le vieillissement de notre population comme un trésor et s’engage à écrire un futur partagé par tous dans un véritable vivre ensemble.
Otilia Ferreira, membre de Renaissance Martinique